Toc – Press

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TOC

Perte et Fracas / Hazam

Plus de deux mois passés sans écrire un seul mot sur de la musique, sans imaginer une seule chronique de disque, c’est vraiment très long. Mais il y a pire : ne plus écouter de musique(s) du tout, ou alors si peu. Ou alors si mal. Alors, pour recommencer à remettre des mots dans un ordre plutôt que dans un autre, pour choisir ce que je vais dire ou au contraire ce que je vais taire, pour étaler ma subjectivité et mon enthousiasme sans remord ni honte, bref comme pour conjurer le sort et prendre le taureau par les cornes – ce ne sont pas les expressions à la con qui manquent pour décrire ce manque et cette difficulté là – j’ai choisi un disque (prétendument) difficile d’accès et qui, surtout, tente de développer son propre cheminement à partir de langages croisés, convergents et connus pour aboutir à un objet sonore, une musique d’abord, un disque ensuite, de tout premier choix.

Oui, malgré cette introduction un peu lourdingue je ne saurais bouder mon plaisir pour affirmer que Haircut, troisième album de TOC, est un petit bijou de free rock / kraut machin / musique expérimentale / musique improvisée. Tout cela a l’air bien sérieux et l’est très certainement mais ce trio de Lille, avec sa formation atypique pour tout vieux noiseux qui se chie dessus (à savoir Fender Rhodes, guitare et batterie), bref le trio possède cette faculté et qualité majeure à mes yeux et mes oreilles de ne pas se prendre les pieds dans des intentions trop évidentes et, donc, trop convenues. C’est qu’en matière de musiques improvisées (pour faire vite) il y va comme dans toutes les autres musiques ou presque : l’inventivité permanente ne se trouve plus vraiment dans le renouvellement du genre et son évolution vers quelque chose de différent mais bien dans l’acceptation libérée de ce qui a déjà été fait et que l’on ne peut que refaire, différemment mais pas tant que ça, avec un regard neuf, des idées rafraichissantes ou, pourquoi pas, une candeur et une ingénuité qui donnent au résultat ce côté fulgurant qui fait oublier qu’il y a des ancêtres à tout ça, qu’il y a une « histoire » de la musique, tous ces trucs avec lesquels en général on nous bassine pour nous expliquer pourquoi, en 2015, tel disque ou tel autre existe. Aux chiottes l’exégèse. A mort les entomologistes et les généalogistes.

Non, pas la peine de faire toutes ces acrobaties mentales et toutes ces simagrées esthético-idéologiques pour apprécier TOC et Haircut. Evidemment le trio me semble être composé de vieux bricards particulièrement rompu à l’exercice, des mecs qui jouent hyper bien, avec plein de doigts et une sacrée maitrise instrumentale, des mecs qui savent ce qu’ils veulent, semblent se connaitre parfaitement entre eux (etc.) or TOC nous fait rapidement oublier tout ça. Tout comme le groupe nous fait rapidement oublier, donc, qu’il n’est pas la première association de musiciens malfaiteurs à pratiquer la tartine de confiture aux choux. Et ça, cela n’a pas de prix. Arriver à jouer une musique aussi exigeante mais également aussi libre et arriver à tenir la distance avec deux longs morceaux passionnants et fourmillants, des compositions instantanées qui dépassent allègrement les vingt minutes, ce n’est peut-être pas donné à tout le monde mais, surtout, cela tient du miracle. Je pourrai en rajouter une bonne couche supplémentaire en précisant que le garçon qui joue du Fender Rhodes fait vraiment des choses étonnantes – mais cet instrument est de toute façon étonnant, il a juste été trop caricaturé et circonscrit par les jazzeux prétendument électriques et amateurs de massages de rondelle –, que le guitariste, sans être un pervers du bruit, a un son qui tranche et des idées qui dépotent et, enfin, que le batteur est une brute qui sait se tenir.

Mais le plus important, c’est que TOC écarte d’emblée toute tentative de faire du prog rock. Sur Haircut pas de démonstrations ultra techniques pour le simple plaisir de faire un concours de zizis progressifs, pas de rabâchages alambiqués, pas de gros plats de nouilles trop cuites et trop collantes napées de faux gruyère chimique. Non, ici ça coule de source, la musique de TOC se développe, prend son envol, prend de l’ampleur et garde cette tension et cette énergie qui me donnent envie d’aller toujours plus loin avec elle. Oui, comme un groupe de rock, un groupe qui sait ce que signifie le mot électricité. Merci.


Maître Chronique / Denis Dessassis

On peut dire que l’acronyme – formé par les initiales des noms de chacun des musiciens – correspond parfaitement aux obsessions qui semble hanter les cerveaux des trois membres de TOC (pour Ternoy, Orins, Cruz). Leur coupe de cheveux a de faux airs d’un ébouriffage en bonne et due forme. Haircut est en effet le nom de leur troisième disque après Le gorille (2009) et You Can Dance If You Want (2012). Pas impossible non plus qu’elle n’en défrise quelques-uns, mais après tout, faut-il vraiment plaire à tout le monde ?

Peter Orins (batterie), Yvann Cruz (guitare), Jérémie Ternoy (Fender Rhodes). Il y a quelques mois, j’avais évoqué ici même 12, le disque du Circum Grand Orchestra, dont les deux premiers cités sont membres : CGO, une aventure collective de toute beauté. Orins, rappelons-le, est un musicien très actif basé à Lille, dont le trio a aussi publié il y a quelque temps un splendide Liv et qu’on retrouve aussi au cœur du Quartet Base et son récent Diapason qui mérite une oreille attentive. Cruz, de son côté, fait partie des expérimentateurs, de ceux qui ne peuvent se contenter de laisser fructifier leurs obligations musicales en bon père de famille. Le risque est toujours présent dans leur portefeuille d’actions sonores. Quant à Jérémie Ternoy, encore un nordiste, auteur d’un beau Bill en trio, pianiste de Magma, il est aussi – et j’en reparlerai en évoquant Inner Village qui sortira prochainement – membre du quartet de Gérard Marais, qui le voit évoluer aux côtés de deux autres grands messieurs que sont Henri Texier et Christophe Marguet.

Trois cartes d’identités qui peuvent laisser supposer que leur association a bien peu de chances d’engendrer la banalité. C’est le moins qu’on puisse dire…

Au départ, on ne se méfie pas trop. Une batterie discrète lance de lointains appels – il faut presque tendre l’oreille – à peine infiltrés par les sonorités d’un clavier et d’une guitare, dont il n’est pas aisé de démêler les fils entrecroisés. Rien dans cette introduction ne paraît devoir annoncer les minutes qui vont suivre. Lancinantes. Hypnotiques. Etouffantes. Il n’est pas question de notes, encore moins de mélodie, mais bien d’une pulsation, sourde et obsédante, qui va petit à petit envahir l’espace et ne plus vous lâcher. Les sons, saturés et électriques, de la guitare et du Fender Rhodes, imperceptiblement, tracent leurs propres chemins, au rythme d’un « tambour » aux allures machiniques. TOC vient de vous serrer dans ses griffes et vous aurez bien du mal à vous en dégager. Il lui aura fallu près de 7 minutes pour vous désigner comme sa proie et vous entraîner dans un voyage sans retour possible. Reste-t-il des humains dans cette lande aride au sol brûlé, baignée d’une lumière crue, celle qui vous fait cligner des yeux ? Pas sûr…

Haircut est un disque radical, au sens le plus littéral du mot. Comme si le trio en action mettait en œuvre tous les moyens dont il dispose pour gagner un combat contre un ennemi qu’on ne voit jamais. A certains moments, on peut penser à une autre quête d’absolu, celle – ancestrale et trouble – de Christian Vander et son Theusz Hamtaahk, au moins pour sa dimension hypnotique. Mais ici en plus ramassé encore, dans un seul souffle rauque, dans un seul cri de métal. On peut imaginer que cette similitude des deux dramaturgies n’a pas échappé à Jérémie Ternoy, actuel pianiste de Magma, et qui a pu toucher du doigt la force des énergies qui peuplent les mondes du batteur aux yeux hallucinés. TOC, dans son extrémisme électrique, se rapproche aussi parfois des recherches menées par un musicien tel que Richard Pinhas et ses sources frippiennes depuis plusieurs décennies. Cette musique dépasse le temps, elle vise au paroxysme, parce qu’il est plus dangereux, semble-t-il, de s’arrêter en chemin que de poursuivre une route, certes dangereuse, mais promesse d’un ailleurs à découvrir, quelles qu’en soient les irradiations collatérales. En deux mouvements de 23 minutes, « Halp Updo » et « Updo », Jérémie Ternoy, Ivann Cruz et Peter Orins installent un climat définitif qui pourrait être celui d’après la grande explosion.

En relisant ces phrases, j’imagine que le lecteur pourra s’inquiéter de ce qu’il va découvrir en écoutant le trio. Il n’y trouvera pas le repos, c’est plus honnête de l’annoncer d’emblée. Il saura avant tout qu’à l’heure d’un affadissement global programmé par les algorithmes de nos commerçants virtuels, fers de lance des insatiables oligarchies, on peut encore trouver des combattants qui refusent de se résigner. Il pourra même accepter de suivre cette route tracée à grands coups de serpe, à la condition de s’y préparer avec méthode – tel le marathonien qui additionne les entraînements avant de se dire prêt à la compétition – et d’accepter l’idée d’un échec possible.

Haircut est une petite folie sonore qui nous rappelle à l’ordre : puisque nous sommes tous menacés d’un trop plein de tiédeur, il est temps de se livrer, parfois, à des excès, salvateurs ceux-là, de température. Pour ne pas courir le risque de vivre dans un sommeil debout.


Citizen Jazz / Franpi Barriaux

On avait laissé le trio nordiste TOC sur une invitation : You Can Dance (If You Want It), nous intimait en effet son premier album, ponctué d’électricité et de nappes caustiques. La musique y tenait tout autant de l’urgence farouche que de la lente percolation de nombreuses influences en apparence discordantes. Sur les cordes de la guitare d’Ivann Cruz comme sous les baguettes de Peter Orins, deux membres du Circum Grand Orchestra, circulaient librement des flots de rock progressif mais aussi de la musique électronique et du Métal en fusion. Le tout amalgamé par un jazz fièvreux descendant directement des expérimentations Seventies sous les coups de boutoir du Fender Rhodes de Jérémie Ternoy ; L’actuel clavier de Magma est par ailleurs habitué des expériences lilloises, de Vazytouille au trio [NU].

Si le premier album flirtait avec la transe par la superposition infinie de flux contradictoires, Haircut, le second (Circum Disc) est une exploration studieuse d’émotions lancinantes, est une plongée en apnée, en deux morceaux d’une vingtaines de minutes, où la musique, inexorable, déroule son tapis. « Half UPDO » commence ainsi sur une rythmique discrète de Peter Orins qui s’amplifie, peu à peu zébrée par les giboulées électriques de ses comparses. Au regard du déluge qui suit, on pourrait songer que le batteur est là pour maintenir un cap, conserver une rythmique impavide dans les circonvolutions de ses comparses. Mais en fait, ce sont ses ruptures comme ses soudains revirements qui créent les espaces nécessaires pour que le trio s’agglutine ou se désagrège.

La pochette représente une masse noire aux multiples nervures. Une feuille gonflée de sève ? Un réseau synaptique en pleine activité ? Des cavités souterraines ? Une épaisse touffe de cheveux rebelles ? Nul ne le sait, mais elle définit TOC à merveille. Même entre les deux morceaux, il y a moyen de tracer des ponts, de retrouver quelques boucles cabossées qui bouillonnent d’énergie. Dans cette lente déambulation, on est surpris par le flegme ambiant. Prises indépendamment les unes des autres, les routes empruntées par les musiciens sont d’une affolante rectitude. C’est leur carambolage qui donne à ce disque l’air d’avoir été éjecté d’une centrifugeuse. On se laisse emporter avec plaisir par ce tumulte.


Exposé / Peter Thellen

This trio, based in France, is named from taking the first letter of the surname of each of the participants: Fender Rhodes player Jeremie Ternoy, drummer Peter Orins, and guitarist Ivann Cruz. Add to those three basic ingredients a boatload of effects and treatments, put them in a completely free-form improvised setting, and what comes out is Haircut. This is the third release for the group, the first in 2008 being a wildlife documentary, another in 2012 is supposedly dance music. This writer has heard none of those, and so I’m approaching this with a completely open mind and no expectations, only to have it opened even further by the improvisational skills of these three intrepid experimenters. The album consists of only two side-long cuts, “Half Updo” and “Updo,” two halves of an extended vehicle for ideas that swirl, bristle, condense, and blast into your consciousness with high powered intensity, bearing little resemblance to any standard musical form, but instead creating something entirely their own, occasionally flirting with psychedelicism, but tending more toward a ongoing flow of tension and release, creating something of a chaotic trance while the players wind through the corners and labyrinths of their own sonic firestorms. Some very interesting sounds are produced, run through the paces, and slowly abandoned as new ideas come forth to replace them – it’s hard to imagine how some of these sounds were even created. It’s noisy for sure, and dark too, but it also soothes and captivates the listener for the entire duration. I’m sometimes reminded of parts of the extended pieces by Escapade, or the most grotesque and brutal stuff by Altered States or Richard Pinhas. There’s only one part in the second half where things ease up a bit and release, but it doesn’t last for very long. Overall, this is great stuff, but it’s not for the faint of heart.


Des Cendres à la Cave / Leoluce

Deux titres séparés par un espace, celui du changement de face, deux choses bien distinctes mais aussi deux constructions aux nombreux traits communs : le souffle, le réseau, les ramifications, les vecteurs flous et la dynamique. Guitare, batterie et Fender Rhodes s’enchevêtrent, s’arc-boutent ou prennent appui sur les deux autres pour dessiner un monde fantasmatique, végétal et abstrait. De prime abord, on est plutôt cueilli par l’aspect tribal des compositions, la pulsation balancée aux pieds des idoles, une cérémonie païenne où l’on s’immisce sans trop oser. Mais TOC a un je-ne-sais-quoi d’organique qui emprisonne les synapses dans des cercles concentriques dont ils ne peuvent plus s’extirper. Un souffle tout à la fois libre et exaspéré se dégage des deux morceaux, ça improvise mais c’est aussi déterminé et quand on croit qu’un instrument se perd dans les méandres du sans queue ni tête, un élément vient tout de suite contrecarrer l’échappée : un poum-tchack asséné avec force conviction, un riff tout d’un coup roide alors que les autres étaient plutôt fuyants, une stridence appuyée au milieu de nappes floues par ailleurs. Ce n’est pas tout et son contraire, c’est plutôt labyrinthique tout en sachant où ça veut aller. Half Updo est ainsi tout entier tendu vers son épilogue paroxystique alors qu’il commence sans faire de bruit. Un long développement rempli de carrefours et de chausse-trappes dont on comprend à la toute fin seulement vers quoi, dès le départ, il nous emmenait. On s’y perd avec jubilation mais sûrement pas le groupe qui sait très bien ce qu’il fait. Jérémy Ternoy fournit la chair (Rhodes, Rhodes Bass), Peter Orins le squelette (batterie) et Ivann Cruz, les muscles (guitare) et il y a déjà de quoi explorer longtemps en se focalisant sur un instrument au détriment des deux autres. Le Rhodes virevolte, trace des arabesques aquatiques et abstraites, peuple les interstices tout en laissant passer l’air, bien présent mais pas hermétique. La guitare envoie ses giclées acides, joue fort et dessine des zébrures définitives qui impressionnent la cornée. On voit littéralement un itinéraire se construire derrière les yeux. La batterie, tribale, balance ses coups sans retenue aucune mais avec beaucoup de tact. Métamorphe et malléable, elle peut sonner comme une enclume et marcher à pas de loup l’instant d’après.

Mais évidemment, c’est quand on envisage les trois ensemble que TOC révèle sa majesté (d’où l’acronyme). La guitare se superpose au clavier, la batterie laboure les soubassements et le spectre tout entier se voit rempli de musique. C’est pourtant très aéré mais ça n’en reste pas moins dense. C’est complètement free mais jamais abscons. Ça donne l’impression d’un dessein construit à l’avance alors que ça n’apparaît que dans l’instant et lorsqu’on détaille le moment, on voit bien à quel point il s’inclut dans un ensemble bien plus grand. Ainsi, Updo, l’autre titre, débute en mode renfrogné, les bulles de Rhodes agrippées aux cordes exaspérées de la guitare, la batterie gifle l’espace puis, par intermittence, le piano se tait et on est déjà ailleurs. Les cordes expérimentent la stridence, les peaux se reconfigurent au même titre que le clavier et ce sont des fulgurances hypnotiques qui habitent désormais le titre. Et tout d’un coup, tous les instruments se montent les uns sur les autres. Jusqu’ici, Updo filait droit devant, maintenant il vise le plafond. Une nappe, une frappe, un riff et ça recommence jusqu’à finir épuisé. Le morceau ne tient plus qu’à un fil alors qu’on n’en est qu’à la moitié. Autant d’épisodes disparates qui construisent une pièce cohérente, tenant fièrement debout du haut de ses vingt minutes. On y entend de l’improvisation et de la répétition, une espèce de psychédélisme solaire qui frôle parfois le progressif, des poussières de Zappa mêlées à des agrégats noise quand ils ne sont pas plus foncièrement metal, du Rhys Chatham sans la trompette à moins qu’il ne s’agisse de Branca, du Tortoise et du Fire! aussi et puis surtout du jazz. Et comme le tout s’arrête bien trop vite, on file voir avant. You Can Dance (If You Want) cela s’appelle. Qui permet de situer le Haircut présent. En gros la même chose mais découpée en plusieurs morceaux un peu plus disparates. C’est en ça que l’on voit que tous ces petits moments qui se succèdent sont néanmoins inclus dans un tout homogène : Obsessive Compulsive Disorder et Downward Trend Of Increase se suivaient par exemple sans se ressembler en 2012 alors qu’aujourd’hui Updo porte des réminiscences de ces deux-là tout en restant lui-même, à savoir un long reptile hypno-aquatique assez fascinant qui nous emmène tout droit vers la transe. Subtil et racé, capable de maintenir la tension de longues minutes durant, Haircut mais peut-être plus encore TOC impressionne.

Bref, le trio lillois – obsessionnel et compulsif peut-être mais surtout magistral – livre ici un disque que l’on rêve de découvrir en vrai. Un poil plus introspectif que par le passé mais toujours féroce et bigarré, on tient-là une belle tranche de jazz mutant et hypnotique magnifiquement emballé sous une belle pochette (oeuvre de Jérôme Minard) terreuse et radiculaire illustrant parfaitement le propos. L’enchevêtrement, la tourbe, les feuilles mortes, l’écosystème souterrain grouillant de vie, ce n’est certainement pas parce que tout y est enfoui que rien ne s’y passe.

Et toc !


Wonderful Wooden Reasons / Ian Holloway
Best of 2012 !

Now this is just absolutely fabulous.
TOC is a 3 piece of Jeremie Ternoy (on Fender Rhodes), Peter Orins (drums) and Ivann Cruz (guitar) who, it says here, are part of the wider Muzzix music collective in Lille, France – www.muzzix.info
On this, their second album, the trio produce a blistering set of psychedelic, post-krautrock, rock, jazzcore explorations. The music twists and turns, folds and bends, crouches and leaps. It’s a bewilderingly complex and convoluted dance through the spaces between rock and jazz.
The interplay between the three is born from jazz. The scope of the music, the aching endless horizons towards which they are heading, is pure psychedelia. The groove that powers it along emerged fully realised from the Germany of the early 1970s but the desire to merger these traits, to explore and roam in such a wonderful way, that’s entirely TOC’s doing and I for one am in awe.


Vacarm

La situation dans laquelle me met cet album est assez délicate. En tant que chroniqueur et vous en tant que lecteurs à la possible recherche de nouveautés, dans le contrat social qui s’opère entre vous et moi, il semblerait que vous attendiez de moi que je vous guide en plusieurs lignes sur l’orientation musicale et la qualité d’un album, comme dans le cas qui nous réunit ici.

« You can dance (if you want) », le nouveau-né de TOC fait des émules dans le monde du jazz. Pourtant cette pochette aux couleurs saturées – non sans évoquer l’imagerie de The Flaming Lips, même s’il n’y a aucun rapport – indiquerait plus traditionnellement un contenu pop/funk . En manquant certainement de connaissances sur les dérivés modernes du jazz j’ai quelque part pris peur en écoutant la première fois cet album, avec cette sensation de ne rien comprendre à ce qui se passe. L’album dépasse allègrement les conventions du jazz et déborde de manière sensationnelle dans la toile d’une pop étouffante, tout en saluant avec humilité les ombres d’un post-rock hypoxique des grands maitres de l’expérimental tels que Godspeed You ! Black Emperor. La guitare haineuse trahit les influences premières par ses distorsions en bifurquant sur un ton parfois shoegaze à la Butterfly Explosions, empreint de rythmes kraut dont les grands amateurs de noise sauront capter l’intensité psychosomatique de ces associations. Dans la superbe manie des journaleux, décriée sans cesse par les artistes, de vouloir étiqueter ces derniers, il serait possible d’ajouter le terme de « jazz-core », histoire d’appuyer la dureté et la noirceur du monstre tout nu et tout poilu que TOC a mis au monde, de quoi faire pâlir The Kilimanjaro Darkjazz Ensemble (pâlir/dark, taquin non ?).

Mais moi-même étant un profane du genre, je n’oserai pas employer ce terme lourdingue, bon à trôner dans la liste interminable des sous-genres du métal. Métal expérimental même, qui d’ailleurs se trouve être l’inspiration de quelques phases d’encanaillement que l’on pourrait retrouver ci et là pour les plus sobres d’entre nous.

Voyez à quel point l’improbabilité explosive des genres visités par cet album met en échec cette partie de mon devoir qui consisterait à vous éclairer de manière manuscrite sur ce que l’on peut mettre en avant chez tel ou tel artiste, blablabla. « You can dance (If you want) » n’est rien d’autre qu’un poulpe géant hyperactif (oui je sais, c’est difficile à imaginer, faites un effort que diable !) dont le centre nerveux de la bête viendrait électriser ces tentacules tétanisantes par lesquels le top 8 des genres musicaux expérimentaux sont reliés. Je pense que l’atmosphère épileptique par laquelle j’ai essayé de teinter cette chronique vous aura suffisamment préparés à écouter l’étrange et contagieux album de TOC.

Je remercie personnellement les musiciens et la promotion pour m’avoir permis de réaliser cet exercice difficile tout en ayant apprécié l’album.


Les Allumés du Jazz / Jean-Paul Ricard

Touché par le syndrome du “power trio”, TOC ne laisse pas indifférent et conduit son projet avec rigueur et conviction. Celui d’une génération inventive de musiciens lillois qui ne s’interdit rien et choisit d’explorer, sans limites, le royaume des sons. Lesquels, saturés, triturés, compressés, déboulent avec la puissance d’un torrent en crue. Même si émergent, ici et là, quelques nuances et accalmies cet album s’adresse davantage aux accros de sensations fortes qu’aux amateurs de miniatures impressionnistes.


All About Jazz / Eyal Hareuveni

The French trio TOC—part of the musicians collective Muzzix in Lille, breaks all the rules and musical barriers on this, its second release, same as it did on its debut, Le Gorille (Circum Disc, 2009). These three skilled improvisers move freely between contemporary music, experimental pop, art and psychedelic rock, noise and fiery jazz with reckless energy, as if aiming to close the cultural gaps between the followers of composer Igor Stravinsky and those who listen to Sonic Youth—all done with inventive elegance and healthy doses of adventurous passion and humor.

All the compositions are joint efforts, and all the instruments—Fender Rhodes played by Jérémie Ternoy, drums by Peter Orins and guitar by Ivann Cruz—morph into one another, creating unique sonic stamp for the trio. TOC was serious about the title of this album, as the pulsating, tribal-trance rhythmic pattern of the opening “Obsessive Compulsive Disorder” screams, intensifying all along. “Downward Trend of Increase” follows, cooling the atmosphere into a dreamy, progressive rock suite that evolves patiently, with nuanced passages. Things then change with the experimental noisy texture of “Iron to the Buzz Top,” that still manages to stress an infectious rhythm, as it does again with the minimalist and surprisingly gentle “You Had a Nap.”

The second part of You Can Dance (If You Want) is more energetic. It begins with the fiery title track, blending the legacies of late guitarist Sonny Sharrock with the hypnotic outbursts of Godspeed You! Black Emperor, climaxing into a raw explosion. “French Tough” continues with throbbing rhythmic energy similar to the opening composition, but with a clearer, solid rock base. “I Danced With Her (A Dense Weather?)” still retains the energetic level but opts for provocative sonic explorations with looser interplay. Only on closing “That’s What She Said” does the level of energy chill down, while still retaining the experimental attitude, collecting spare sounds into densely repetitive textures.

TOC offers a brilliant and inventive blend of genres, sounds and attitudes.


Vital Weekly

Very interesting stuff from an unknown combo from Lille, France! They are named Toc, a combination of the first letters of the last names of the members: Jérémie Ternoy (fender Rhodes), Ivann Cruz (guitar) and Peter Orins (drums). An interesting line up, delivering their second album. They operate on a high musical level with clear and outspoken musical ideas. Circum-Disc was started in 2004 by Circum, a Lille based collective of jazz musicians (including Orins). Now Circum-Disc is an outlet for local improvised and experimental music. Back to Toc. In the opening track ‘Obsessive Compulsive Disorder’ they built impressive structures through thick repetitive patterns. Where this first piece moves towards climaxes and outbursts of energy, the second piece ‘Downward Trend of Increase’ is an extended kind of stationary improvisation on fender Rhodes and guitar, and drums in the background. ‘Iron to the buzz top’ has the drummer in the forefront, improvising, with a lot of noise. In contrast ’You had a nap’ is a very easy and quiet jazzy exercise. ‘The title track is a very heavy and lengthy power piece. In ‘French tough’ Toc is most close to ordinary rock, but far from the usual stuff. The closing piece is quiet and open improvisation – post rock kind of – with the drummer in the lead. So this trio moves easily from one genre to another: noise, improvisation, rock, postrock, hardcore, jazz, zeuhl. It is all there. So a multisided trio, but on the other hand you feel everything comes from the same source. Whatever they do, there is some obsessiveness in their music that makes them a little bit related to Magma and other Zeuhl-like bands. I had some breathtaking moments during this trip and felt exhausted at the end, but also deeply satisfied. Chapeau!


Jazz Magazine / Philippe Méziat

Un nom de groupe qui évoque le trouble obsessionnel (compulsif ou culinaire ?), mais qui se contente en fait de faire succèder les initiales de chacun des musiciens qui le composent, voire de vous envoyer ça comme une répartie bien sentie à un propos désobligeant. On ne commettra donc aucun impair, la musique, plutôt binaire, ne s’y prêtant aucunement. Beau et bon produit de la scène lilloise, TOC nous embarque dans son désordre organisé, urbain aussi bien que champêtre (You Had a Nap), énergique et pourtant suspendu et même réflexif, avec un art des couleurs et des contrastes déjà très affirmé, inutile de déplier les références, ou les qualificatifs, pour dire que cette musique vous tient en haleine jusqu’à la fin par son insistance, sa fraîcheur, son inspiration. Saturée ou distillée, projetée ou proposée, dans le registre du cri ou dans celui de l’intime confession, elle prend au corps parce qu’elle en vient. Comme souvent dans ce registre musical, le concert donne peut être des motifs de plus grande jouissance encore. TOC : à consommer sans modération.


Sun Ship / Franpi Barriaux

C’est amusant, juste après le billet précédent, de mettre un disque de TOC sur la platine, car il contient dans ses tréfonds toute une contradiction à Rétromania, et que ça l’illustre de la meilleure des façons, puisque c’est en musique !
TOC c’est l’acronyme de trois musiciens du collectif lillois Circum, dont nous n’avions pas dit de bien depuis trop longtemps. Power Trio inventif et un peu casse-cou, on avait pu découvrir la réunion de Peter Orins à la batterie (aperçu dans un autre registre dans le très beau trio de son frère) , Jeremy Ternoy au Rhodes (qu’on avait adoré dans Vazytouille ou dans Peaux d’âmes) et Ivan Cruz à la guitare électrique avec “Le Gorille”, précédent album sorti en 2009, à un époque où le trio n’avait pas encore trouvé ce nom qui leur va si bien.
TOC exprime l’immédiateté et l’opiniâtreté d’une musique dense et inclassable.
Ce groupe visite des dizaines d’influences au coeur d’une électricité irrespirable, brûlante, ne semblant prendre du repos que pour repartir ensuite dans de nouvelles strates. La pochette, une image née d’un flou de bougé d’une zone de travaux tokyoïte, en dit long sur le propos de l’album : de la trépidation et de la chaleur, une vision urbaine et colorée, pleine de strates et d’étages jusqu’au plus profond, là où l’agitation est la plus forte.
Dans les tréfonds du Rhodes et la distorsion de la guitare :”You Can Dance (If You Want It)” nous dit le trio en titre d’album comme dans le long morceau pivot, mais encore faudrait il le pouvoir.
On est parfois écrasé par les textures successives, les élans de Rhodes qui font songer aux ambiances électroniques Raveuses d’Underworld ou d’Aphex Twin, au milieu d’une batterie martellée et d’une nappe de guitare pleine de rage qui noit l’ensemble. Et puis parfois, dans un morceau comme “Iron To The Buzz Top”, on est pris d’une frénésie de mouvement qui dépasse la simple danse au coeur de l’acrimonie pleine de métal de Cruz. On peut danser devant le mur de son, mais on reste surtout interdit devant le déferlement des références qui apparaissent sans jamais n’être plaquées.
Il serait interminable de détailler chacune des influences, noter la présence étoplasmique de l’esprit de Sonic Youth au creux des nappes, citer ça et là des incursions dans le rock progressif, remarquer le soupçon zappaïen, s’étendre sur le Métal, véritable moteur et la grammaire favorite d’Ivan Cruz… Mais ce sont paradoxalement les musiques électroniques, bien qu’inusitées en tant que telle dans cet album très produit, qui sont les plus présentes dans ce déluge d’électricité. Il suffit pour s’en convaincre d’écouter “Obsessive Compulsive Disorder” qui ouvre l’album, et cette force plantée dans ses secousses primales.
Quand au jazz, il est présent partout. Dans les suintements de chaque empilement et les polyrythmies nerveuses, comme dans la force du mouvement. Il ne s’agit pas d’un collage insatiable tel qu’on peut l’entendre dans Naked City ou dans les disques de Mr Bungle, mais d’un amalgame brûlant, ténébreux et plein de rage. On pourrait aussi évoquer une démache peu éloignée d’un travail de textures tel qu’on l’envisageait dans la période électrique de Miles Davis, dans un versant plus violent et plus sombre.
Ultime référence.
On se souvient de Vazytouille, autre référence du label Circum. TOC est son pendant plein de noirceur. On ressort essoré de ce mur de son qui se révèle plein de surprises, mais on en redemande. Et pour revenir sur Retromania : voilà un groupe qui regarde en arrière pour créer du nouveau. Mais ce n’est pas de la pop…


Foutraque / Paskal Larsen

TOC = 3 lettres pour un trio lillois fort en maths (éventuellement rock). TOC fait une musique instrumentale où tout peut arriver. Les titres durent entre 6 et 12 minutes, ce qui laisse de la place pour y développer avec seulement une guitare, une batterie et une Fender Rhodes un espace sonore très libre. Du « post » rock, du « free » jazz, de l’expérimental, de l’électro/ambiant et des ambiances qui pourraient servir pour la BO d’un film imaginaire (mais qui ne serait pas une comédie sentimentale), il y a beaucoup d’éléments qui s’entrechoquent, qui se croisent, qui s’embrassent à travers les accords (pas toc) de TOC. Bien sur on pense à Tortoise, Slint, Sonic Youth, Glen Branca, mais TOC ne clone pas ses modèles du genre. TOC crée son univers en incorporant à la fois de la violence, la tempête et le calme, mais aussi des déviances (le titre French Tough). Si vous voulez progresser en mathématiques, tentez l’équation TOC, votre cerveau devrait bouillir !


Tartine de Contrebasse

Il faut croire que Circum-disc est un label qui a décidé de nous prouver que le jazz pouvait toujours retourner des cerveaux au XXIe siècle. Je vous avais déjà parlé d’une de leur production il y a quelques temps : l’obsédant Inoxydable d’Happy House. Autres musiciens, mais même esprit avec ce You can dance (if you want), du trio TOC. Sous ce titre d’apparence plus gentille, Jérémy Ternoy (Fender Rhodes), Peter Orins (percus) et Ivann Cruz (guitare) -T+O+C, donc- cachent pourtant un album encore plus radical, qui ferait (presque) passer les gars d’Happy House pour des gentils hard-bopers.
Leur jazz est électrique, lancinant, hypnotique. Épuisant aussi. Ils ne sont que trois, mais leur musique est pleine, envahissante. N’essayez pas de la mettre en musique de fond, dès le moment où vous la lancerez, elle sera partout. Avec eux, pas de répit, pas de faux-semblant. Dès le premier morceau, le ton est donné. Ça s’appelle “Obsessive Compulsive Disorder” et ce n’est pas pour rien. Une ligne de basse qui vous martèle le tympan, doublée rapidement d’une guitare tout aussi implacable. Une mélodie ? Pourquoi faire ? Cette musique est physique. Ce n’est pas à votre conscience qu’elle s’adresse, mais à vos nerfs.

DÉSORDRE MAGISTRAL

Après, ces longues minutes de désordre magistral, le trio accepte généreusement de vous laisser vous détendre. “Downward Trend of Increase” oublie la basse. Une note de guitare pour commencer et la batterie qui roule, délicatement. Puis ça grouille, le clavier comme la guitare. C’est doux, mais toujours aussi plein. Un semblant de mélodie se dessine, brouillonne, imperceptible. Comme pour parler à l’inconscient, encore, plutôt qu’à la conscience.
Le disque continue comme ça pendant une heure entre des compositions éreintantes et d’autres (faussement) relaxante. Très construite, cette musique semble pourtant instinctive, animale. Opressante aussi, comme sur “Iron to the Buzz Top”, morceau usant qui semble nous projeter dans un hangar désaffecté où des machines folles continueraient seule leur cours dément. A un moment, les trois jazzeux sont quand même gentils. Avec “French Though”, ils nous offrent un morceau qu’on a l’impression de comprendre, avec un thème et tout. Enfin, ça reste malgré tout bien grinçant et lancinant comme on aime. Et sur ce morceau comme sur les sept autres, ce n’est pas possible, you can’t dance, que vous le vouliez ou non.


6bears

Quand on prend quatre garçons issus de différentes scènes underground lilloises et qu’en plus on leur laisse le libre choix artistique, la rencontre risque d’être explosive. Et c’est bien le cas de ce retour aux studios des Toc. Ils nous en rapportent un second album formé par huit titres baignés de rock expérimental, de jazz abstrait et de pop aussi décalé qu’acidulé comme nous le démontre l’étrange et électrique “French tough”. Véritables créateurs d’atmosphères, les Toc nous livrent des morceaux épiques de parfois plus de dix minutes (“Downward trend of incrase”, “That’s what she said”) sur un ensemble qui dure pas moins d’une heure. Véritable invitation à découvrir le pays des sons et des expériences, “You can dance (if you want)” porte un titre étrange pour un projet plutôt propice à l’écoute qu’à la danse. Mais, comme dans le milieu contemporain, tout est possible, Toc nous démontre une nouvelle fois qu’en matière d’ambiances et de décors sonores, ils ne sont pas à la traine. Que les amateurs du genre se le disent…


Les Dernières Nouvelles du Jazz / Sophie Chambon

Toc ! Faut-il aller voir du côté de ce mal étrange appelé « trouble obsessionnel compulsif »? Quand on écoute cette musique déferlante d’un trait, on est hypnotisé par le pouvoir de ces vagues de son qui secouent sacrément. Et on aime ça… les tympans sont (mal)traités avec une saine vigueur.
Toc, ce sont surtout les initiales des trois musiciens qui composent ce groupe dont c’est le deuxième album, à savoir Jérémie TERNOY au Fender Rhodes, Peter ORINS à la batterie, Ivann CRUZ à la guitare. Pas de danger, nous sommes plongés dans l’univers fascinant de la scène lilloise, unique en France, et de ce collectif épatant de musiciens qui signent sous le label CIRCUM que l’on suit depuis ses débuts (Muzzix, Zoone libre, La Pieuvre, Circum Grand Orchestra, Peter Orins trio, le quintet Impression…) .
On se situe dans le domaine de la musique libre, aux marges de l’espérimentation radicale, du free punk pop complètement barré, du post rock, du jazz core. On pourrait ainsi multiplier les appellations et tentatives de rangement, à la Pérec, c’est à dire tenter un classement méthodique de styles et d’influences … Mais c’est impossible avec cette musique délirante, improbable et pourtant réelle, autour de l’accord parfait (ou non), surtout libre des trois instrumentistes. Toujours cette volonté de travailler sur le son, de sculpter la matière sonore, d’en accomoder toutes les textures organiques et synthétiques, d’oublier un temps la mélodie qui …finit par ressurgir en boucles ou selon les artefacts de l’improvisation. Une énérgie sèche et musclée, des temps forts où ça vibre et respire, circule entre les trois compères qui s’écoutent et se complètent. Pas de filtre encrassé ou brouillé et de surenchère sonique, et pourtant rien n’est vraiment lisse en dépit de quelques douces boucles : le piano s’affole, la guitare cisaille ou groove délicatement, la batterie exécute et martèle comme dans le final (12’ quand même) où tout grince et arrache dans un crescendo fou…intitulé « That’s what she said ». Ah oui, vous pouvez ne regarder ( comme je l’ai fait) les titres (pleins d’humour) qu’après avoir écouté le disque en entier, comme une suite qui raconte alors une histoire, qui prend sens.
Un album vibrant, serein, qui ne lâche rien. Il reste encore tout un territoire à explorer à ces musiciens. Faisons confiance à nos amis nordistes… et suivons-les dans leur aventure.


Monsieur Délire / François Couture

A trio with Fender Rhodes, electric guitar, and drums, on an avant-jazz label… You’d expect either sophisticated jazz with melodies carefully treading the atonal fence or angular tunes with complex metrics. But you wouldn’t ever expect a noise maelstrom like TOC’s. Guitar (Ivann Cruz) and Fender Rhodes (Jérémie Ternoy) unleash torrents of electricity that drummer Peter Orins barely manages to beat down to some kind of submission. A slightly more ruly Spanish Donkey, to provide a point of reference. Ferocious and very good.